Comment transporter mes essaims ?

 Résumé : Que se soit pour transporter un rucher ou un essaim l’apiculteur devra respecter certaines règles afin que le transport se passe pour le mieux et que les colonies intègrent leur nouvel environnement dans les meilleures conditions. Il faudra pour cela préparer le déménagemen des ruches et procéder au transport tout en suivant la réglementation en vigueur. Lorsqu’ils déplacent leurs ruches les apiculteurs parlent de “transhumance”.

Préparation du déménagement :

 Il faudra commencer par préparer le nouvel emplacement. Bien nettoyer la zone, débroussailler si nécessaire et installer des supports de ruches. A savoir qu’il est toujours conseillé de déplacer vos ruches soit d’un mètre, afin qu’elles ne se perdent pas ou alors de plus de 5 km du lieu d’origine, de cette manière les abeilles comprennent que leur “maison” à été déplacée et elles mémorisent de ce fait leur nouvel environnement.

Lorsque vous déplacez vos ruches à plus de 5 km, il est conseillé de le faire de nuit quand toutes les butineuses sont de retour mais vous pouvez aussi le faire tôt le matin.

Transhumer tôt le matin est moins dangereux car nous pouvez fermer la nuit mais travailler à la lumière du jour. 

Pensez à faire le plein de votre véhicule.

Vérifier que vos ruches ne présentent pas de fissures car les abeilles pourraient s’en échapper. L’air doit également circuler correctement. L’été avec les fortes chaleurs vos ruches peuvent surchauffer ce qui peut s’avérer fatal pour vos colonies. Vous avez la possibilité de les équiper d’un fond aéré, d’utiliser un couvre grillagé. Fermez l’entrée avec une mousse de transhumance (mousse apifoam ou de l’herbe) ou à l’aide d’une portière ainsi vos abeilles ne pourront pas s’échapper.Il faudra également penser à solidariser les éléments de la ruche entre eux à l’aide de glissières ou de fixe éléments. Afin de bien maintenir le corps de la ruche avec le plancher il est conseillé de les solidariser à l’aide d’un verrou réglable si possible (pour cela prévoir deux ruches).

Pensez également à emporter le matériel dont vous aurez besoin entre autres :

- Enfumoir et allumettes

- Sangles de rechange

- Pulvérisateur d’eau

- Lampe torche rouge.

- Lève cadres

- Protection : gants, voile, combinaison de protection

- Papier adhésif large

- Téléphone portable en cas de problème

La lumière rouge n’est pas perçue par les abeilles. Cela évite d’avoir plein d’abeilles sur soit. Eviter au maximum de transhumer seul. C’est un travail de nuit, fatiguant et technique, une erreur est vite arrivée. 

De plus en plus d’apiculteurs utilisent lors du transport de leur rucher un filet de protection. Celui-ci empêche les abeilles de se “faire la malle”. Il existe des modèles de filet sombre qui laissent passer l’air mais réduisent considérablement la lumière.

Transports des ruches :

Trois façons de transporter les ruches 

Transhumance ruche ouverte :

Cette technique est surtout utilisée par les apiculteurs expérimentés car elle est plus complexe mais permet aux abeilles de voyager dans de bonnes conditions. De plus c’est une des techniques les plus rapide. Pour cela il faudra attendre que les abeilles soient rentrées et enfumer l’ensemble des ruches avec une fumée froide. Une fois cette opération effectuée vous pourrez commencer le chargement en prenant soin d’enfumer légèrement en cas de choc. Il a été constaté que les vibrations calment les abeilles, n’hésitez pas de ce fait à laisser le moteur tourner pendant le chargement.

Pendant le transport en général les abeilles restent calment. Si vous devez stationner votre véhicule, pensez à pulvériser de l’eau afin de faire baisser la température ou enfumer généreusement, mais si vous utilisez cette technique c’est pour rouler de suite et décharger immédiatement une fois arrivé à destination.

Ce type de transhumance se fait exclusivement en camion, camionnette à plateau ou remorque. Vous ne devez pas utiliser cette technique avec une camionnette à cabine communicante car beaucoup trop dangereux.

Ce transport ruches ouvertes à l’avantage d’éviter l’étouffement des colonies surtout en cas de long trajet ou de forte chaleur. Il est toutefois recommandé d’apprendre cette technique de transport avec un apiculteur professionnel et/ou expérimenté.

Transhumance ruche fermée :

Cette technique de transport est surtout utilisée par les petits apiculteurs qui utilisent leur voiture. Elle convient bien pour les trajets courts (environ 1 heure) car il y a des risques d’énervement et d’étouffement des abeilles, sauf pour ce dernier si vos ruches disposent d’un système de ventilation.

Il doit y avoir une ventilation haute et basse des ruches. Il est bien d’enlever un cadre de miel pour éviter l'effondrement de cadres dus à une surchauffe.

Lorsque la nuit tombe ou tôt le matin, attendre que les abeilles soient rentrées dans les ruches et les fermer. Pour cela vous pouvez utiliser des grilles d’entrées réversibles ou des bandes de mousse de transhumance . A l’aide du lève cadres, il faudra pousser la mousse le long de l’entrée de la ruche ou fermer la porte. Ce système est très pratique à mettre en place et à retirer.

Transhumance avec “muselière” :

Cette technique est équivalente à la transhumance ruche fermée mais elle donne plus d’espace et d’air aux abeilles. Vous pouvez donc l’utiliser afin d’éviter l’étouffement en cas de long voyage ou de chaleur intense.

Attention toutefois cette muselière doit permettre à votre colonie de sortir de la ruche, dans une “partie”grillagé et aéré afin de se regrouper à l’extérieur car sinon les abeilles risque de s'agglutiner à l’entrée et peuvent bloquer l’aération.

Quelque soit la technique que vous allez utiliser, il faudra calmer les abeilles avec de la fumée froide, garder l’enfumoir à portée de main et le laisser allumer si vous optez pour une transhumance ruches ouvertes, donner le plus d’air possible pour éviter l’étouffement, bien sangler vos ruches afin qu’elles ne bougent ou ne glissent pas lors du transport, placer les cadres dans le sens de la route pour éviter l’écrasement de vos colonies et enfin les positionner horizontalement afin d’éviter l’écoulement de miel.

Attention de mauvaises conditions de transport des colonies sont un des facteurs qui favorise la transmission de maladies des abeilles du fait de la claustration et du contact entre abeilles.

Choix du véhicule :

Les professionnels vont utiliser un camion ou une camionnette  plateau qui pourra être équipée de ridelles (rabattables ou à claire-voie) cependant certains apiculteurs préfèrent les plateaux nus.

Pour les amateurs ou semi-professionnels une camionnette ou une remorque suffit. Attention cependant car avec cette dernière les abeilles sont pas mal secouées à moins d’avoir une remorque à double essieu qui est dans ce cas plus confortable. Il faudra toutefois bien sangler et caler vos ruches si vous en utilisez une.

Vérifier que le permis et la formation du conducteur correspond à la taille du véhicule (exemple : voiture + remorque ou semi-remorque de PTAC supérieur à 750 kg si la somme des PTAC est supérieure à 4250 kg - maximum 7 tonnes - il faudra le permis B(E) ).

Pourquoi les apiculteurs pratiquent la transhumance ?

Les apiculteurs transhument leurs ruches plusieurs fois par an afin que leurs abeilles puissent bénéficier des différentes floraisons et de la diversité des espèces mellifères, cultivées ou sauvages, cette technique est une des conséquences de la baisse de la biodiversité. La transhumance a donc été encouragée par l'Etat, pour avoir une production constante tout au long de l'année et éviter une importante mortalité des abeilles notamment si une zone est infestée par le frelon asiatique ou contaminée par des pesticides.

La production de miel en France chute de manière considérable. Pour information elle était de 35 000 tonnes/an en 1990, 15 000 en 2013 et 8 800 en 2018 et 31 000 tonnes de miel ont été importées en 2016.

En pratiquant la transhumance, il est possible pour l’apiculteur de faire plusieurs récoltes de miel. Certains la pratique au moment où dans leur région les agriculteurs traitent leurs cultures à cause de l’impact des pesticides sur la santé de leurs abeilles. Vous l’aurez compris grâce à la transhumance les abeilles ont durant toute la saison, des réserves nutritives suffisante, les plantes butinées par les abeilles sont parfaitement pollinisées et les récoltes donne du miel d’excellente qualité ! 

De plus la transhumance fait partie des évolutions essentielles pour la survie du métier d’apiculteur mais aussi des abeilles et par conséquent de la planète.

Dans beaucoup de régions, la transhumance est devenue vitale pour beaucoup d’apiculteurs. De nos jours peu de régions offrent plusieurs miellés en sédentaire. 

Malgré la vigilance des scientifiques et des apiculteurs, la production Française de miel diminue de façon importante cela pose un véritable cas de conscience quant à notre implication sur la gestion de notre environnement.

La réglementation :

Les mouvements d’abeilles sont des déplacements qui concernent les essaims, les colonies les reines ou les paquets d’abeilles. Ces mouvements peuvent se faire dans le département où la ruche est déclarée ou à l’extérieur de celui-ci.

Avant tout déplacement, renseignez-vous auprès de la DD(CS)PP ou de la commune où vous voulez déplacer votre essaim.

Dans l'arrêté du 11 août 1980 relatif à la lutte contre les maladies réputées contagieuses des abeilles modifié, il est ajouté un article 13 rédigé comme suit : 

« Art. 13.-Chaque transport d'abeilles à l'extérieur du département d'origine doit être déclaré par l'apiculteur, dans les jours qui précèdent ou qui suivent le transport, au directeur en charge des services vétérinaires du département de destination. Cette déclaration comprend les mentions suivantes : 

- Nom du propriétaire ou du détenteur des ruches  

- Domicile du propriétaire ou du détenteur des ruches  

- Département, commune et lieu de provenance  

- Département, commune et lieu de destination  

- Nombre de ruches, reines ou essaims déplacés  

- Numéro d'immatriculation. 

Cette formalité n'est pas requise lors du retour des abeilles dans le département d'origine. 

Voici les demandes de l’administration pour les différents types de mouvements et conduite à tenir :

Déplacement temporaire dans un même département (département où a été faite la déclaration) : Il n’y a pas d’obligation. Il est juste conseillé de noter dans le registre d’élevage la date et l’emplacement du déplacement.

Déplacement temporaire dans un autre département : Il faut faire une déclaration de transport quelques jours avant ou après le transport auprès de la DD(CS)PP du département de destination. Vous pouvez noter dans le registre d’élevage la date du déplacement et le nouveau lieu occupé.

Déplacement définitif dans un même département : Il faut mettre à jour la déclaration de rucher et noter obligatoirement le nouvel emplacement dans le registre d’élevage.

 Déplacement définitif dans un autre département : Il faut faire une déclaration dans les jours qui précèdent ou qui suivent le transport à la DD(CS)PP du département de destination et actualiser la déclaration de ruchers. Vous devez obligatoirement noter le nouvel emplacement dans le registre d’élevage.

Cession d’abeilles dans un même département : Il faut actualiser la déclaration de ruchers. Un certificat sanitaire avant la cession est recommandé. Il faudra également noter dans le registre d’élevage, la provenance ou la destination des abeilles, conserver le certificat sanitaire et la facture.

Cession d’abeilles vers un autre département : L’acquéreur doit faire une déclaration de transport auprès de la DD(CS)PP du département de destination. Actualiser sa déclaration de rucher et noter obligatoirement dans le registre d’élevage, la provenance ou la destination des abeilles. Un certificat avant la cession est recommandé et il faudra conserver le certificat sanitaire et la facture. 

L’actualisation de sa déclaration est peu faite dans la pratique. 

Lors du déplacement des colonies vers un autre pays de l’Union européenne, les colonies doivent provenir d’une zone qui ne fait pas l’objet d’une interdiction liée à l’apparition de loque américaine et avoir un certificat sanitaire 

Conclusion : 

L’époque où le transport des ruches s’effectuait en charrette, à dos d’homme ou de mulet est révolue. De nos jours il est beaucoup plus facile de transporter les ruches même si certaines précautions et règles de base sont à respecter.

Comme vous l’aurez compris l’idéal est d’effectuer le transport le matin avec du matériel adapté. Il est mieux d’être à plusieurs car la transhumance est une activité à risque.  

 

 

 

 

 

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